La HADOPI se dit « désarmée » face au piratage en 2019

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En ce début d’année, la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet (HADOPI) a fait un état des lieux du piratage en France et de ses moyens d’action. Le bilan est assez pessimiste et la secrétaire générale se dit « désarmée » face aux nombreuses manières de violer le droit d’auteur de nos jours. Une victoire sans conditions des pirates ?

Trop de techniques de piratage incontrôlables

Lors de sa création en 2009, la Hadopi avait une mission claire : lutter contre le piratage s’effectuant via peer-to-peer (P2P). Les adresses IP des internautes téléchargeant illégalement étant alors affichées sur les trackers, rien de plus simple que de les récolter… oui mais voilà, depuis toutes ces années les trackers torrents sont de plus en plus délaissés au profit de nouveaux modes de téléchargement ou de visionnage beaucoup plus discret ! Et c’est aussi sans compter les divers moyens de protection permettant de cacher les adresses IP véritables, y compris pour le P2P (personne ne se gêne pour utiliser un VPN en 2019)…

Le streaming, l’IPTV, les newsgroup et le Direct download (DDL) sont aujourd’hui des techniques largement utilisées par tous et très discrètes. Hadopi ne peut rien contre elles. Et lorsque les internautes spécialisés dans le torrent continuent son usage, ces derniers sont bien équipés pour passer sous les radars de la Haute Autorité : VPN et Seedbox sont de mise ! Impossible d’avoir la moindre adresse IP réelle.

Selon les chiffres récoltés par l’organisation, les pirates passeraient le plus souvent par le streaming (68 %), les téléchargements directs (42 %) ou encore la récupération directe de fichiers auprès d’un tiers (42 %). Les échanges de pair à pair seraient pour leur part en chute libre (35 %). À noter que ces chiffres résultent d’une enquête menée par Mediamétrie en mars 2018.

Un récent rapport, réalisée par la Haute Autorité en collaboration avec la société de conseil EY montre que le DDL est de plus en plus utilisé à ce jour. UpToBox, 1fichier et Uploaded sont les trois plus gros hébergeurs de fichiers en France et sont visités par plus d’un million de personnes chaque mois. Alors que les contenus les plus piratés sont surtout des séries et des films, les contenus sportifs sont également la cible des internautes : ces programmes représentent 29% du piratage. Ce phénomène s’explique en partie par la multiplication des offres payantes consacrées au divertissement sportif.

La HADOPI est devenue inefficace

Pauline Blassel, la secrétaire générale de la HADOPI confie :

« Nous sommes assez désarmés face à ces nouveaux services. Nous aimerions que l’on reconnaisse à la HADOPI un pouvoir de caractérisation de ces sites. C’est une hypocrisie que ces sites pirates puissent être accessibles et toujours pas fermés. Il nous faut informer les consommateurs, impliquer les intermédiaires et faciliter l’office du juge. »

Les pirates utilisent de plus en plus des DNS alternatifs à ceux de leur opérateur afin de contourner les mesures de blocage prises par les autorités. Les VPN sont également devenus devenus très populaires, rendant le travail d’identification plus compliqué pour les techniciens de la Haute Autorité. La Hadopi n’hésite d’ailleurs pas à prendre des raccourcis assez surprenants, qui démontrent toujours autant l’incompétence notoire et la méconnaissance absolue de l’usage des outils informatique actuels : Elle indique en effet dans son rapport que « le développement des services de VPN montre que le marché des services gravitant autour des pratiques illicites se porte bien ». À croire que seuls les pirates utilisent des VPN ! C’est vite oublier tous les autres, y compris les réseaux d’entreprises… bref passons.

Avec tous les nouveaux moyens de téléchargement, la Haute Autorité ne peut pas faire grand chose, étant donné qu’elle a gardé le même fonctionnement qu’il y a 10 ans, lors de sa création. Le piratage évolue constamment, et il faut être vif pour garder le rythme. Ce qui n’est clairement pas le cas. Et même si de nouveaux moyens se présentaient, ils seraient surement inefficaces puisque qu’il faudrait à chaque fois viser directement le site en question servant de support ou d’hébergeur aux dits fichiers. Sauf que ces derniers sont bien protégés et basés à l’étranger… mission impossible de tous les attaquer !

Et on retiendra en conclusion que tous ces problèmes rencontrés par Hadopi ne datent pas de cette année puisque ces moyens divers existent depuis de longues années. Bref, rien de nouveau dans le paysage.