Piratage : Alain Quiros affole EDF, Floyd Landis, Vivendi…

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C’est une histoire assez folle que celle d’Alain Quiros, hacker autodidacte à ses heures perdues, mais aussi petite main d’EDF dans l’espionnage de Greenpeace, dans celui du LNDD commandité par Floyd Landis, ou encore pour la société de sécurité Kargus.

Alain Quiros a 39 ans, il est installé au Maroc et décrit comme un « petit génie » de l’informatique. Tellement talentueux d’ailleurs, que plusieurs entreprises et personnes morales ont fait appel à ses services pour entrer dans différents systèmes pour y dérober des documents confidentiels moyennant finance. 

Plusieurs affaires lui sont attribuées, et pas des moindres. En 2006, les enquêteurs remontent sa piste et découvriront plus tard, sur son ordinateur, des centaines de documents pour différentes affaires. La première concerne Floyd Landis, vainqueur déchu du Tour de France 2006, et le piratage du LNDD (Laboratoire national du dépistage du dopage). Une autre affaire concerne un avocat chargé de la défense des petits actionnaires de Vivendi, Maître Frédérik-Karel Canoy, puis pour terminer EDF, accusé d’avoir commandité le piratage de Greenpeace. 

Procès à Nanterre

Hier, lundi, un procès contre EDF et Floyd Landis s’ouvrait au tribunal de Nanterre, pour avoir cherché à obtenir des documents illégalement. Sur le banc des accusés : EDF et deux anciens responsables de la sécurité, le coureur cycliste et son entraineur, un ex-militaire et un ancien de la DGSE, désormais dans une entreprise d’intelligence économique, Kargus Consultants. 

Après quatre ans d’instruction, le juge Thomas Cassuto a finalement estimé qu’EDF avait bien mandaté une officine privée de Kargus Consultants pour s’introduire dans l’ordinateur de Yannick Jadot, aujourd’hui eurodéputé et porte-parole d’Eva Joly, afin de lui dérober des fichiers. Pour sa défense, EDF soutient que Kargus a dépassé le cadre de sa mission, et se dit « victime » de l’entreprise d’intelligence économique. EDF avait demandé « une veille » des activités de Greenpeace autour de la construction de l’EPR à Flamanville. « Il y a un vrai sentiment de colère par rapport à des pratiques de barbouzes qui ne devraient pas exister dans notre démocratie », a expliqué Yannick Jadot.

Landis absent, EDF dans les cordes

Quant à Floyd Landis et son entraineur Arnie Baker, absents lors du procès, ils sont poursuivis pour avoir récupéré via une officine à laquelle appartenait Alain Quiros des documents pour contester les résultats indiquant que le coureur cycliste s’était dopé. Une affaire qui n’arrange rien, puisqu’ils sont tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis janvier 2010, comme le précise LCI. Rappelons que Floyd Landis, déchu de son titre de vainqueur du tour de France 2006, avait avoué avoir eu recours au dopage pendant une majeure partie de sa carrière. 

« Tout l’enjeu est l’éradication de ce cancer qu’est le recours à des officines dirigées par des anciens policiers ou militaires pour espionner constamment les personnes de façon hors-la-loi », a affirmé l’avocat de Yannick Jadot, Me William Bourdon.

Le procès devrait être retardé car EDF va soulever une Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur la rétroactivité de la jurisprudence. Toutefois, il y a peu de chances pour que la plainte soit renvoyée, comme le souhaite EDF, devant la 15ème chambre du tribunal correctionnel présidée par Isabelle Prévost-Desprez.

 

Source : L’Informaticien