Il se venge d’un huissier à coup de DDoS

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Un pirate informatique écope de 2 ans de prison pour avoir occasionné plus de 19 millions d’euros de dégâts.

Francis Lemelin, 27 ans, était connu sur la toile sous le pseudonyme de Oiteck. Fondateur d’un réseau de pirates informatiques, le jeune homme s’était spécialisé dans le blocage de site web à coups de DDoS, des Dénis de Services Distribués. Comprenez, bloquer un site Internet via des millions de requêtes de connexions.

Pour se venger d’un huissier, Oiteck avait bloqué durant 12 jours le système informatique de l’homme de loi. Pourquoi ? Ce dernier avait posé un sabot sur la voiture de Lemelin.

Après son arrestation, en 2008, la Gendarmerie royale du Canada va découvrir que le pirate contrôlait 292 000 ordinateurs répartis dans 119 pays. 2.000 mots de passe, quelques 500 numéros de carte de crédit et 19 ordinateurs vont être saisis au domicile du pirate. La justice parle de 29 millions de dollars canadiens de dégâts, soit 19 millions d´euros. Francis Lemelina plaidé coupable à huit accusations en lien avec l’utilisation frauduleuse d’ordinateurs. “C’était comme un jeu sur Xbox“, a souligné Lemelin lors de son jugement.

Depuis 2008, il lui est interdit de toucher un ordinateur, et de se trouver dans un lieu possédant un ordinateur.

Lors de son arrestation, il était… analyste de sécurité dans une entreprise. Aujourd’hui, il est laveur de vitres. Le juge Jean-B. Falardeau a voulu envoyer un message fort aux internautes du pays qui serait tenté d’imiter Lemelin. Deux ans de prison ferme et trois ans supplémentaires d’interdiction de toucher au moindre clavier.



Un jeu

«J’étais enfantin. Pour moi, c’était comme un jeu, c’était comme jouer au Xbox», a expliqué le jeune homme dans le cadre des plaidoiries sur la peine à lui infliger, qui se déroulaient cette semaine en Cour du Québec. Il a plaidé coupable à huit accusations en lien avec l’utilisation frauduleuse d’ordinateurs.

Le jeune homme, qui a maintenant 27 ans, a signalé qu’il purge déjà une peine bien sévère puisque, depuis son arrestation, en 2008, il lui est totalement interdit de toucher à un ordinateur ou même de se trouver dans un endroit où il y en a. Cela ne lui laisse plus beaucoup d’endroits à fréquenter. Auparavant, il avait lui-même 19 ordinateurs chez lui, et l’informatique était le centre de sa vie.

Lors de son arrestation, il avait un bon job d’analyste de sécurité dans une entreprise. Il a été contraint de changer complètement d’orientation. «On m’a enlevé le droit de travailler en informatique», a-t-il dit. Il lave maintenant des vitres à 16,95$ l’heure.

Prison ferme

Le procureur de la Couronne, Pierre Goulet, recommandait une peine de prison ferme de deux ans, tandis que l’avocat de l’accusé, Me Clemente Monterosso, estimait qu’une peine à purger dans la collectivité était suffisante. Outre les facteurs atténuants, Me Monterosso a fait ressortir que Lemelin avait vécu une enfance difficile: sa mère souffrait de maladie mentale, et son père avait été condamné pour homicide.

Mais voilà, compte tenu des circonstances et de l’ampleur des dommages, estimés à 29 millions de dollars pour remettre en état les 292 000 ordinateurs, le magistrat a opté pour la prison ferme, suivie d’une probation de trois ans. Ce qui ferait cinq ans de plus sans ordinateur pour Lemelin, a calculé le juge Jean-B. Falardeau, qui voulait en même temps envoyer un message clair aux internautes tentés de l’imiter.

Il est à noter que Lemelin, qui aurait pu se servir des cartes de crédit et des mots de passe pour se procurer de l’argent, ne l’a pas fait. En fait, seules une fraude de 2000$ ainsi qu’une tentative de fraude lui étaient reprochées. Les autres accusés du réseau qui ont plaidé coupable jusqu’à présent ont écopé pour la plupart de peines à purger dans la communauté.