ICANN / WHOIS – La confidentialité des noms de domaines en péril

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L’ICANN, le régulateur des noms de domaines sur Internet, a soumis une proposition visant à interdire l’enregistrement anonyme des noms de domaines (proxy, fausse identité, anonymat, etc), surtout pour les sites dits “commerciaux”. C’est incontestablement encore une perte de liberté dommageable.

Alors que la chasse à l’anonymat sur Internet bat son plein dans beaucoup de pays (dont la France), la nouvelle proposition de l’ICANN a de quoi faire grincer des dents : fini les WHOIS anonymes pour les noms de domaines ? Or, l’anonymat est garant de la liberté d’expression.

Inutile de dire que le texte soumis par le régulateur a fait du bruit sur la toile, notamment auprès du registrar Namecheap, qui a demander à ses clients et au public de protester contre cette proposition qui met en péril l’anonymat lors de l’enregistrement d’un nom de domaine. Bien entendu, le texte est largement soutenu par les majors et autres lobby de l’industrie du copyright, ce qui leur permettrait (peut être) de mettre la main facilement sur de multiples identités d’administrateurs de sites “pirates”.

L’ICANN prône une volonté de transparence et avance l’argument que cette proposition ne toucherait que les sites à caractère commercial. Sauf que les sites “commerciaux” englobent n’importe quel blog affichant de la publicité ou tout autre moyens de rémunération (publi-reportage, affiliation, etc) ! Autant dire que cela concernerait une immense majorité de sites Web. La MPAA et la RIAA quand à elles, souhaitent clairement que les registrars anonymes comme Namecheap pour ne citer que lui, suspendent purement et simplement les noms de domaines anonymes… et ont clairement dicté ce texte à l’ICANN ; d’ailleurs, ce dernier ne s’en cache pas.

“Sans données WHOIS précises, il ne peut y avoir aucune responsabilité et sans responsabilité il devient difficile d’examiner et de remédier aux problèmes quand des individus ou des organisations utilisent Internet de façons illégales ou inappropriée. S’assurer que ces données soient exactes est important non seulement pour la MPAA et nos membres, mais aussi pour toute personne utilisant Internet chaque jour.”, relate Alex Deacon de la MPAA.

Notons toutefois que les détenteurs de copyright peuvent déjà exposer les présumés propriétaires de nom de domaine en obtenant une citation à comparaître en vertu du DCMA ou Digital Millennium Copyright Act.

Rappelons que lors de l’enregistrement d’un nom de domaine, l’internaute doit renseigner diverses informations personnelles, de son état civil à son numéro de téléphone en passant par son adresse de domicile. Ces informations alimentent les bases de données des registres de noms de domaine, et sont consultables publiquement via l’outil WHOIS.

Alors que l’ICANN doit se prononcer le 7 juillet sur ce texte, l’Electronic Frontier Foundation appelle les internautes à s’y opposer. Selon l’EFF, le terme « but commercial » englobe un grand nombre de sites, et la vie privée de leurs propriétaires, des personnes physiques, seraient menacée. 

Pour l’EFF, « ces entreprises veulent de nouveaux outils pour découvrir l’identité des propriétaires de sites Web qu’ils veulent accuser de violation de droit d’auteur et contrefaçon de marque, de préférence sans une ordonnance du tribunal ».

« L’avantage limité de cette évolution est manifestement compensé par les risques supplémentaires pour les propriétaires de sites, qui vont souffrir d’un risque plus élevé de harcèlement, d’intimidation et de vol d’identité »

En appelant à s’opposer au texte, l’association entend faire réagir sur un recul de l’anonymat, qui affectera ceux qui portent des opinions impopulaires ou marginales mais aussi les lanceurs d’alerte et tous ceux susceptibles de dénoncer « la criminalité et la corruption ».

Namecheap a fait partir un mailing massif dans le but d’informer sur cette proposition, dont voici un extrait :

“Utiliser un service de vie privée WHOIS n’est pas plus suspect qu’avoir un numéro de téléphone inscrit en liste rouge. Ces nouvelles règles seraient une atteinte à notre droit à la vie privée en ligne. Les démarches de l’ICANN progressent rapidement, nous le devrions aussi – contactez-les dès aujourd’hui et dites-leur de respecter notre vie privée”, note Richard Kirkendall, PDG de Namecheap.

 

Sources : L’Informaticien, Next-Warez, TF, EFF

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