Les cyberpédophiles sous la loupe des chercheurs

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Internet a ouvert la voie à une nouvelle race de pédophiles, constate un professeur de l’Université d’Ottawa, qui cosigne un des premiers ouvrages de référence francophone en la matière.

Patrice Corriveau et Francis Fortin ont écrit Cyberpédophiles et autres agresseurs virtuels, qui réunit des données de première main pour une rare fois dans le domaine. M. Corriveau est professeur au département de criminologie de l’Université d’Ottawa et M. Fortin est chargé de cours à l’École polytechnique de Montréal et analyste en cybercriminalité au Service du Renseignement Criminel de la Sûreté du Québec.

Les consommateurs et distributeurs de pornographie juvénile arrêtés par les forces de l’ordre seraient plus jeunes que dans les années 80, lorsqu’Internet était totalement absent des foyers. « Ça prenait de l’argent et des réseaux bien organisés pour consommer ce genre de pornographie, explique M. Corriveau. D’un point de vue scientifique, Internet a changé la donne. Au Québec, au Canada, aux États-Unis, en Australie, l’utilisateur moyen arrêté par la police est âgé de 35 ou 36 ans. On ne parle pas du stéréotype du ‘vieux moustachu dans son char brun’, image-t-il. L’âge moyen des années 2000 coïncide avec la génération qui a vu apparaître Internet. »

Est-ce que l’arrivée d’Internet encourage les pulsions pédophiles ? « Non, répond Patrice Corriveau. Internet, peut-être, exacerbe des pulsions. Mais les recherches n’arrivent pas à s’entendre sur l’impact des technologies, quant à savoir si elles encouragent ou non le passage à l’acte. Il n’y a pas de règle de cause à effets, insiste-t-il. C’est toujours plus facile de trouver un seul coupable et de ne mettre la faute que sur Internet. Un prédateur sexuel ou un consommateur de pornographie juvénile prendra les moyens nécessaires pour arriver à ses fins, même s’il n’a pas accès à Internet. »

La pornographie juvénile et infantile se cache dans le côté obscur de la grande toile, contrairement à la pornographie « classique » mettant en scène des adultes. Difficile, remarque M. Corriveau, de trouver des sites de nouvelles ou de partage de matériel pornographique juvénile à l’aide des moteurs de recherche les plus connus comme Google et Yahoo !. «Ceux qui consomment de la porno juvénile font l’effort de trouver les sites, dont les noms ou les mots sont souvent tronqués, invisibles, ou qui comportent des titres de page n’ayant aucun rapport à la sexualité. »

MM. Corriveau et Fortin ont mené leur étude de 2006 à 2010, années pendant lesquelles ils ont eu accès aux bureaux d’enquête de la Sûreté du Québec à Montréal afin d’accéder au monde des cyberpédophiles.

Cyberpédohphiles et autres agresseurs virtuels, vlb éditeur. 168 pages.

Sorti en librairie le 17 mars 2011.

 

Source : Cyberpresse.ca