De la fiction à la réalité, les stalkers se trouvent aussi sur Internet

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Un récente étude Ifop montre que plus de la moitié des Français (59 %) ont des comportements en ligne dangereux. Mots de passe identiques, utilisation de réseaux Wi-Fi publics, et connexions sur des appareils partagés, non utilisation de VPN, sont autant de risques pris quotidiennement, notamment par les plus jeunes.

Ces pratiques les exposent à des personnes malveillantes en ligne et dans la vie réelle, parmi lesquelles les stalkers (ou harceleurs). C’est cette réalité qui a largement inspiré les créateurs de séries récentes, telles que Black Mirror ou You.

Afin d’éviter de devenir la proie d’un harceleur, Brad Poole, Consumer Security Expert, chez HMA!, s’appuie sur les mauvaises pratiques illustrées dans ces fictions, et livre quelques conseils pour préserver sa vie privée, sans pour autant supprimer ses profils sur les réseaux sociaux :

« Si dans ces séries, les comportements à risques des protagonistes sont caricaturés pour le bien de l’intrigue, ils sont en réalité adoptés par un grand nombre d’utilisateurs dans le monde réel. En effet, peu de gens réalisent, par exemple, qu’avoir des profils ouverts sur les réseaux sociaux reviendrait à ne pas mettre de rideaux à ses fenêtres. Dans You, l’héroïne – Beck – fait à la fois l’un et l’autre. Ce manque de considération pour sa vie privée et sa sécurité va inciter son harceleur – Joe – à penser qu’il est en droit de l’épier : pourquoi en effet se refréner, si la jeune femme décide elle-même d’étaler en ligne sa vie privée ?

Verrouiller ses comptes

Dès le premier épisode de la série You, Joe parvient à subtiliser le smartphone de Beck, qui n’est pas verrouillé par un code. Il accède ainsi à tous les comptes de réseaux sociaux et boîtes de réception d’emails  de la jeune femme, qui ne change pas les mots de passe de ces derniers lorsqu’elle remplace l’appareil perdu.

Les réseaux sociaux, s’ils ne sont pas correctement maîtrisés, constituent par essence une menace pour la vie privée de leurs utilisateurs, pour peu que l’on ait connaissance d’un ou deux détails à leur sujet. Facebook, par exemple, permet de rechercher quelqu’un grâce à son nom, sa ville natale, ou encore le nom de l’école primaire qu’il a fréquentée. Si le profil de cette personne est public, quiconque le trouvera aura accès à ses publications, ses photos, ses dernières géolocalisations – qui peuvent par ailleurs être utilisées pour repérer des individus à des fins malveillantes, telles que le cambriolage de leur domicile en leur absence. Ces nombreuses informations peuvent être facilement révélées grâce à un simple statut ou à une photo.

Pour ne pas voir sa vie privée étalée aux yeux de tous, il est conseillé d’opter pour des profils privés, et de limiter l’accès à ces éléments à des personnes proches et de confiance.

Se rechercher sur Google

Dans l’épisode The entire history of you de la série Black Mirror, un jeune avocat doutant de la fidélité de son épouse cherche les preuves dans les rediffusions de sa mémoire, enregistrée par un nano-implant. Sans surprise, l’histoire prend des proportions démesurées – et tourne finalement au drame.

Si Black Mirror dénonce les dérives des nouvelles technologies avec des scénarios poussés à l’extrême, la série apporte un éclairage sur le mauvais usage qu’en fait notre société. Et c’est bien connu : Internet n’oublie jamais ; il est possible, pour n’importe qui, de rechercher une personne et de retracer plusieurs mois, voire plusieurs années, de données pour trouver des informations la concernant.

La plus grande des précautions est donc de mise. Un profil privé rend la traque plus difficile, mais même dans cette hypothèse, il n’y a aucune garantie de confidentialité totale. Cette dernière peut en effet être compromise par une identification ou géolocalisation par des “amis” dont les profils sont publics. Outre la recherche via les réseaux sociaux, une simple requête Google peut révéler le grand nombre d’informations dispersées sur Internet au sujet d’une personne. Goûts personnels, photos, loisirs, publications ou encore opinions politiques : son intimité peut ainsi être exposée, et sur la base de toutes les données collectées, son identité pourrait être usurpée.

Par conséquent, pour contrôler les informations personnelles disponibles en ligne à son sujet, l’utilisateur peut taper son propre nom dans les moteurs de recherche. Toutefois, en raison du nombre toujours croissant de photos et d’informations postées sur Internet, se rechercher avec l’intention de réduire ses traces en ligne n’est efficace que si l’action est régulièrement répétée. Alternativement, il est possible de faire une demande d’effacement des données ou de déréférencement auprès des sites et moteurs de recherches, afin de réduire sa présence en ligne. Ces derniers doivent répondre dans un délai légal de deux mois, au-delà duquel il est possible de saisir la CNIL. Le Règlement Européen pour la Protection des Données (RGPD) permet de protéger les individus en cas de non-respect de cette demande.

Changer régulièrement ses mots de passe et utiliser des combinaisons complexes, verrouiller son téléphone avec un code d’accès, utiliser un système de double authentification lorsque c’est possible, désactiver les fonctions de géolocalisation, ou encore se déconnecter des appareils partagés après utilisation sont autant de bonnes habitudes à adopter pour éviter d’être victime de personnes malveillantes, en ligne ou dans la vie réelle. »