Quelles sont les conséquences de la cyber-intimidation sur les jeunes qui en sont victimes ?

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Une nouvelle forme de violence est apparue avec l’essor du Web ouvert à tous.

De plus en plus de personnes sont victimes de cyberintimidation. On estime que 70 % des jeunes en sont victimes, à des degrés divers. Sophie Bourque nous explique que les conséquences de cette nouvelle forme de violence sont très variables. Elles peuvent être de nature physique, comme des maux de ventre ou de cœur, mais elles sont aussi bien souvent de nature psychologique : anxiété, absentéisme à l’école, dépression, décrochage scolaire, suicide…

De quoi s’agit-il exactement ? « La cyberintimidation peut prendre la forme de l’envoi d’un courriel de menaces dans lequel on répand de fausses rumeurs, comme des propos homophobes, racistes, haineux ou à caractère sexuel. La cyberintimidation peut aussi se faire via un site internet ou par l’alimentation d’un blogue, par exemple un blogue sur les 10 filles les plus moches de l’école ou les 10 pires enseignants. » La cyberintimidation peut aussi se transmettre sur les clavardoirs, poursuit-elle, quand les jeunes se rassemblent sur les mêmes sites aux mêmes heures. Il peut alors y avoir des prises de bec ou échanges de propos diffamatoires contre certains individus ou groupes de personnes. L’envoi de messages textes à répétition peut aussi représenter une forme de cyberintimidation.

Une violence marquée par l’anonymat

La cyberintimidation est une forme d’agression très invasive, soutient Sophie Bourque, car elle peut rejoindre la victime jusque dans sa chambre à coucher, tant et aussi longtemps que celle-ci demeure branchée sur Internet ou son téléphone cellulaire. La cyberintimidation doit aussi sa popularité au fait que c’est une violence anonyme et qu’elle n’est donc pas dépendante de la stature physique ou du support des pairs : « Comme c’est anonyme, c’est ça qui va créer le rapport de forces. »

La cyberintimidation est d’autant plus dangereuse que l’agresseur ne voit pas l’impact de son agression sur sa victime, ce qui peut le pousser à aller plus loin dans la méchanceté.

Les agresseurs

Qui sont les agresseurs ? « C’est toujours quelqu’un qui est dans notre réseau social, qui est dans notre liste de contacts, précise Sophie Bourque. Ça peut être un ami d’un ami, ou par exemple quelqu’un qui est à la même école ou à la même maison de jeunes. »

Il semble que les filles sont davantage portées à la cyberintimidation que les garçons. Celles-ci seraient aussi plus sujettes à répandre de fausses rumeurs, tandis que les garçons vont plutôt choisir la voie de la menace. Autre caractéristique des filles : elles choisiraient davantage leurs victimes parmi les autres filles, tandis que les garçons cibleraient tout autant les filles que les gars.

Pierre-Olivier Cormier, 15 ans, a lui-même connu cette forme de violence. Menacé par Internet de se « faire péter la gueule » ou de se faire « attendre après l’école », il a commencé à avoir réellement peur de se faire attaquer physiquement. Heureusement, il a pris la décision d’aller chercher de l’aide auprès de Samantha Roscani, technicienne en éducation spécialisée à la Commission scolaire de Montréal, qui l’a aidé à se libérer de ces agressions.

Pour remédier à la cyberintimidation, Samantha Roscani préconise d’organiser une rencontre entre la victime et son agresseur, pour aider ce dernier à comprendre les conséquences de ses actes sur la victime.

La prévention et les solutions

Pour Sophie Bourque, il est clair que la prévention universelle demeure un outil de choix pour diminuer la prévalence de la cyberintimidation dans les écoles : « Ça veut dire accompagner les jeunes dans le développement d’un code d’éthique basé sur des valeurs comme la tolérance et le respect des autres. C’est essentiel que les jeunes puissent faire la différence entre la liberté d’expression et les propos diffamatoires et les comportements illégaux dans le monde virtuel, immoraux et non éthiques. »

Pour aider les enfants ou adolescents victimes de cyberintimidation, Samantha Roscani recommande aux parents les mesures suivantes :

– rester calme et ne pas paniquer
– ne pas ignorer la situation
– imprimer la situation problématique
– expliquer à la jeune victime qu’il ne faut sous aucun prétexte répondre à cette situation
– bloquer les agresseurs
– contacter le réseau téléphonique ou le réseau social concerné, informer l’école
– en cas de menace ou de danger immédiat, contacter immédiatement la police

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