Cybercriminalité en Mauritanie : Une prospérité entre cybercafés et vide juridique

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Depuis quelques années on assiste en Mauritanie à une recrudescence des actes de piraterie et d’escroquerie, dans le monde virtuel de l’internet. Et la justice demeure sourde, n’encadrant toujours pas le phénomène de la cybercriminalité.

En 2005, Bakari Guèye, journaliste à Nouakchott Info, tombe dans le piège d’un de ces mails qui vous promettent travail bien rémunéré, et visa vers le Canada. «La proposition me semblait alléchante, et le risque d’escroquerie minime, par rapport aux formalités demandées» confie le journaliste. Il a donc envoyé dans un premier temps les photocopies de ses diplômes et de sa pièce d’état civil. Et dans un second temps, les frais de dossier qui s’élevaient à 100 dollars américains par le truchement de la représentation de cette société multinationale installée au Bénin.

Après avoir envoyé cette somme d’argent, son interlocuteur lui demandait une nouvelle somme pour le remboursement d’un autre frais de dossier. Le doute s’insinue. « C’est là que ça a fait tilt, et que je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’escrocs. C’est alors que j’ai entrepris des recherches sur la multinationale en question. J’ai effectivement trouvé le nom de la société multinationale, mais mes interlocuteurs ne travaillaient pas pour le compte de celle-ci. C’est ainsi que j’ai écrit à la vraie société canadienne qui m’a fait comprendre qu’elle n’avait pas de représentation en Afrique, et m’a clairement signifié que j’avais affaire à des cyber-escrocs » explique Bakari Gueye.

Son confrère Mohamed Diop d’Al Akhbar, lui aussi, n’a pas su résister aux sirènes d’un cyber-escroc, qui lui avait proposé une bourse d’études à l’étranger moyennant le paiement des frais de dossier : 25.000FCFA. Il a mordu à l’hameçon et perdu son argent.

Des cas comme les leurs pullulent à Nouakchott. Comme celui aussi de Khadijetou Mint Sid’Ahmed, contactée par ses deux bourreaux à travers son compte e-mail, puis sur le portable de cette enseignante. «Ils auraient eu mon contact par un magazine féminin international, qui avait consacré un papier sur mes activités, et qui donnaient mes coordonnées en fin d’article» témoigne la femme. « Des années après cet article, je suis complimentée par un certain franco-malien, Moussa, qui se disait admiratif de la justesse de mes propos sur la question de la femme dans mon pays. Il tenait à me féliciter en personne et me remettre pour me pousser dans mes activités, un ordinateur et divers appareils » continue-t-elle. L’astuce est rodée et efficace : en un rien de temps Moussa doit retourner en France à l’improviste, et le matériel est laissé à un cousin qui dit ne pas avoir les 150.000 F.CFA nécessaires à l’envoi par la poste du colis. Khadijetou tombe dans le panneau, et le tour est joué : la voilà soulagée de ladite somme.

Une prospérité entre cybercafés et vide juridique

Dans la quasi-totalité des cas enregistrés, les escrocs sont en terre étrangère, à l’extérieur des frontières de l’escroqué. Dans la sous-région généralement. Ils opèrent à partir de cybercafés où l’anonymat garantit l’impossibilité de leur traçabilité. À Abidjan, c’est un véritable phénomène social : depuis un certain temps, la police criminelle mène une lutte acharnée contre les «brouteurs», ces petits riches d’Abidjan, qui ont fait de l’arnaque via Internet leur activité principale. La brigade anti-criminalité chargée de mener la lutte contre ce phénomène, est composée d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) et de policiers. Elle parcourt régulièrement les cybercafés afin d’y traquer ces individus sans foi ni loi qui ont fait de faire de l’escroquerie sur internet leur métier, mais qui prospèrent aussi grâce au vide juridique qui existe autant dans ce pays qu’en Mauritanie.

C’est ce que découvre Bakari Guèye à Nouakchott, en allant se plaindre dans les locaux du Consulat du Canada à Nouakchott. Il a été surpris d’apprendre qu’il s’agissait d’un problème d’une grande ampleur, et que les services consulaires ont d’ores et déjà enregistré près d’une centaine de plaintes pour des faits similaires. Tous les cas ont été transmis à un bureau de la Garde royale canadienne basé au Maroc. En Mauritanie, le cadre juridique ne prévoit pas de compétence pour quelque juridiction que ce soit, vers lequel les victimes pourraient se tourner.

Maître Ahmed Ould Ely du barreau de Nouakchott, affirme que «les tribunaux ne reconnaissent pas jusqu’à présent les problèmes de cybercriminalité». «Il y a un vide juridique sur ce plan en terre islamique de Mauritanie, mais également dans toute la sous-région». «Les réseaux Internet, de même que les infractions qui s’y rattachent, n’ayant pas de frontière physique, l’amélioration de la coopération policière et judiciaire régionale doit être une priorité pour entamer une lutte efficace contre ce phénomène» conclut l’avocat.

 

Source : Noorinfo

5 Commentaires

  1. @montana Tu es typiquement le genre de personne qui pollue le net avec tes commentaires inutiles.
    Encore un bouseux qui se prend pas pour Tony Montana, Tu dois avoir un petit complexe d’infériorité… Et dire que des gens comme toi rechercher un travail dans l’informatique …
    Bye mec et bon courage dans la vie.

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