#OpCharlieHebdo : Les Anonymous sont passés à l’action (MaJ)

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Comme ils l’avaient promis, les hacktivistes de la mouvance Anonymous ont commencé leurs représailles numériques via #OpCharlieHebdo: liste de comptes Twitter de djihadistes dénoncés et fermés ainsi que de nombreuses cyberattaques ayant mis hors ligne des sites faisant l’apologie du terrorisme.

EDIT 13/01/2015 : Le groupe informel a ainsi publié une liste de 120 comptes Twitter désignés comme “islamistes”, puis une liste de 89 comptes Twitter dits “terroristes”. La plupart de ces comptes ont été suspendus par le réseau social, tandis qu’un document collaboratif vise à tous les recenser (plus de 900 comptes déjà trouvés). Parallèlement, les hackers travaillent à pirater des sites web identifiés également comme islamistes. Une trentaine de sites ont été bloqués et mis hors ligne. Le site Ansar-alhaqq (qui diffuse de la propagande djihadiste en français) a été attaqué pour remplacer la page d’accueil (“défacement”), tandis que la page du site Kavkaz Center (site d’information tchétchène se revendiquant “islamiste”) redirige désormais vers le moteur de recherches DuckDuckGo. Sont actuellement visés différents sites se présentant comme “la voix du djihad” (“shahamat”).

“Lorsqu’on tombe sur un site [islamiste], nous tentons d’extraire de sa base de données des adresses et informations de contact, que nous redirigeons ensuite vers les forces de l’ordre”, explique un Anonymous. Ensuite, “nous utilisons tous les moyens à notre disposition pour l’effacer de la Toile.”

Le cyberjihad très actif

19 000 sites français seraient actuellement tombés sous les coups des pirates informatiques extrémistes. On recense 27 groupes de pirates jusqu’à maintenant ! Un chiffre qui ne cesse de croitre… Les opérations “anti-France” et “anti-Charlie” sont très impressionnantes et les experts s’étonnent de voir que ces campagnes de defacement soient si agressives et étendues.


 

La vengeance des Anonymous avait été annoncée, et en voici le début. Via le site Pastebin, une longue liste de comptes Twitter et Facebook a été publiée, tous liés au djihadisme selon Anonymous. “La liberté d’expression et d’opinion est une chose non négociable, s’attaquer à elle, c’est s’attaquer à la démocratie. Attendez vous à une réaction massive et frontale de notre part car le combat pour la défense de ces libertés est la base même de notre mouvement”, argumentent les hackers. Leurs messages, publiés en anglais mais traduits aussi en français, sont également postés via le compte Twitter @OpCharlieHebdo. Anonymous a également revendiqué ce weekend la mise hors ligne des sites ansar-alhaqq.net et Alintibaha, qui font figure de références dans la propagande djihadiste.

Après dénonciation, les comptes ont tous été fermés par les services concernés. “Nous, les Anonymous de toute la planète, avons décidé de déclarer la guerre à vous, les terroristes […] Nous allons surveiller toutes vos activités sur le Net, nous fermerons vos comptes sur tous les réseaux sociaux. Vous n’imposerez pas votre charia dans nos démocraties […]“.

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Leur cible actuelle est le Kavkaz Center, un site d’information tchétchène se revendiquant «islamique».

Malheureusement, les actions d’Anonymous ont provoqué une réaction en chaîne de la part des hacktivistes de l’autre bord et de nombreuses attaques ont été dirigées contre des sites Internet français, toutes menées par Fallaga Team et AnonGhost. On peut citer celui du Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, celui du Mémorial de Caen (les deux couvrant le thème de la seconde guerre mondiale), le CHU de Strasbourg, le Palais des papes à Avignon, la ville de Tulle ou la fondation Jacques Chirac… On peut également évoquer des attaques contre les sites d’établissements scolaires (écoles, collèges et lycées) de l’académie de Créteil. Aurait ainsi notamment été défacé par les pirates, indique la Tribune, le site du lycée Charles de Gaulle à Dammartin-en-Goële, la ville où deux des terroristes, les frères Kouachi se sont réfugiés dans une imprimerie la semaine dernière. Des sites internet d’institutions locales ou religieuses ont aussi fait les frais de “défaçage”.

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« Le site du Conseil général du Lot a été piraté pendant trois heures, par un groupe tunisien dénommé Fallaga Team et nous sommes en train de rédiger une plainte », a indiqué à l’AFP un représentant du Département. «Notre page d’accueil était redirigée vers une adresse diffusant un discours intégriste. Dès qu’on en a eu connaissance, on a coupé l’accès au site», a précisé la même source. L’incident a été signalé au centre gouvernemental de veille chargé de répertorier ce genre de cyberattaques.

Le patron de l’Agence nationale de cyberdéfense (Anssi), Guillaume Poupard, avait confié au Point.fr vendredi soir que la France était “prête” et “très vigilante”, afin “de réagir très rapidement” en cas de cyberattaque de grande ampleur. “Nous observons un nombre de défacements de sites internet supérieur à la moyenne et très orientés sur l’affaire en cours, mais toujours de faible niveau technique”, avait-il expliqué.

Terrorisme : Vers un durcissement de la surveillance en ligne

Les attentats qui ont eu lieu risque de provoquer des changements concernant la surveillance d’Internet et des réseaux qui ne seront pas au goût de tous…

A l’invitation du ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, les autorités exécutives d’Allemagne, Lettonie, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Grande-Bretagne, et Suède ont signé un communiqué commun (.pdf) rédigé sous le regard approbateur de la Commission Européenne, des Etats-Unis, et du Canada.

Notre action doit continuer pour faire partie d’un ensemble cohérent, basée sur la lutte contre la radicalisation, en particulier sur Internet“, écrivent-ils. 

Nous sommes inquiets par l’utilisation de plus en plus fréquente d’Internet pour alimenter la haine et la violence, et signalons notre détermination à nous assurer qu’il n’est pas fait une utilisation abusive d’Internet à cette fin, tout en veillant à ce qu’il reste, dans le respect scrupuleux des libertés fondamentales, un forum de libre expression, dans le respect total de la loi“.

A cet égard, le partenariat avec les principaux fournisseurs sur Internet est essentiel pour créer les conditions d’un reporting rapide des contenus qui visent à inciter à la haine et à la terreur, et elle est la condition de sa suppression, lorsque c’est opportun/possible“.

En France, la récente loi anti-terrorisme de novembre 2014 prévoit déjà la possibilité de bloquer des sites sans passer par un juge, ce qui entrera en vigueur dans les toutes prochaines semaines avec la publication du décret d’application. Il est également prévu des peines très lourdes de 7 ans de prison pour ceux qui diffusent des contenus incitant aux actions terroristes. Est-il réellement nécessaire d’aller plus loin encore, avec des lois qui sont très logiquement rédigées dans des termes larges, qui s’appliquent non seulement aux terroristes d’Al Qaïda ou de l’Etat Islamique, mais aussi potentiellement à toute une série d’autres “terrorismes” d’aujourd’hui ou de demain, dont la qualification est laissée à l’appréciation des seuls gouvernements ? 

Comme le note si bien Numerama, plus le terrorisme fait s’éloigner la justice et incite les Etats à contrôler les opinions et les discours pour détecter et censurer les individus déviants, plus la démocratie s’éloigne, et plus la radicalisation peut se renforcer. C’est la seule manière dont nous pouvons perdre la guerre, et dont les terroristes peuvent la gagner. Et c’est celle que nous choisissons.

1 COMMENTAIRE

  1. Ces piratages ciblants des sites et serveurs hébergeants du .fr sont
    principalement la cible d’apprentis hackers agissants moralement et
    immaturément au nom d’une religion qu’ils croient à tort ou à raison attaquée et critiquée via ce slogan “Je suis Charlie”.
    A mes yeux,”Je suis Charlie” est un message de Libertés d’expressions,mais aussi et surtout à travers le monde accompagné
    alors d’un message de paix et d’union.J’aime à croire en l’humanité
    plus qu’en des religions ou autres valeurs.

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