Les formes organisées de la Cybercriminalité

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Pour les organisations criminelles, les réseaux d’Internet se sont rapidement imposés comme une aide extrêmement efficace pour faciliter leurs activités traditionnelles.

Exploitant sans Etat d’âme et à une échelle bien supérieure le réservoir d’informations et de techniques constitué par les pirates informatiques, nombre d’organisations criminelles se lancent dans la cybercriminalité tandis que d’autres cybergangs naissent, alléchés par les perspectives de gains faciles et rapides.

La pornographie

La diffusion de supports pornographiques a été et reste parmi les premières applications d’Internet. Or, si la pédophilie fut longtemps restreinte à un cercle très fermé, l’arrivée d’Internet a malheureusement provoqué presque instantanément l’expansion brutale du problème en permettant de diffuser ou d’acquérir dans le monde entier du matériel photo ou vidéo par de simples commandes au clavier d’un ordinateur ; d’autant que certains pays comme le Japon ne possèdent aucune législation relative à la publication d’images pornographiques impliquant des enfants.

L’attention des services de sécurité est mobilisée sur cette forme de délinquance en raison notamment de l’émotion légitime que suscite ce type d’affaire dans l’opinion publique. Cependant, la lutte contre cette criminalité est difficile car, pour dissimuler leurs activités aux yeux des autorités, les pédophiles ont recours à des procédés de chiffrement des communications et de stockage des documents pornographiques. Ils restreignent de plus les accès de leurs sites par mots de passe et conditionnent parfois également l’accès à la fourniture d’un nombre de photos à caractère pédophile.

Les investigations menées dans ce domaine ont démontré l’existence de réseaux internationaux structurés. A titre d’illustration, elles ont mis à jour en 1998 un vaste réseau, du nom de “Wonderland Club”, qui impliquait 14 pays dans le monde appartenant à l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Australie. Son démantèlement coordonné par Interpol a entraîné l’arrestation d’environ 100 personnes et la saisie de plus de 100 000 images.

Le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale

Le développement des nouvelles technologies entourant le commerce électronique a largement facilité le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale au point que ce procédé n’est plus de nos jours réservé aux seules grandes entreprises criminelles comme la mafia ou encore aux grands groupes industriels soucieux de dissimuler une partie de leurs avoirs pour le compte d’intérêts particuliers.

Désormais, les petites bandes organisées comme les petites sociétés ont les instruments en leur possession pour recycler ou dissimuler au fisc une part de leurs revenus. Les transferts de fonds entre Etats et par conséquent entre systèmes législatifs différents ne nécessitent que quelques secondes.

D’autre part, la constitution d’un réseau d’organismes bancaires non officiels permet d’échapper encore plus facilement au contrôle des Etats, en particulier de celui mis en œuvre par le biais des banques centrales.

Les extorsions ou détournements de fonds

Certains groupes désireux de s’enrichir par la voie la plus rapide s’en prennent directement aux organismes bancaires. Il s’agit en quelque sorte d’une version moderne de l’attaque de banque, à laquelle on pourrait donner le nom de “hold up électronique”.

Ils sont pour nombre d’entre eux originaires des Etats-Unis et des autres pays occidentaux, mais pas uniquement. Des pays tels que l’Inde, le Pakistan et même l’Indonésie sont en train de devenir de véritables repaires de pirates. Il faut noter que ces derniers ont souvent été diplômés dans les meilleures universités occidentales et y ont acquis leur expertise en sciences informatiques. La Russie foisonne également de pirates depuis la chute du communisme. Des milliers d’informaticiens de haut niveau se sont en effet brusquement retrouvés sans emploi du jour au lendemain après avoir fait partie des privilégiés du régime et s’être impliqués dans les programmes les plus en pointe de leur pays. Ils ont pu voir alors dans ce type d’activités le moyen le plus simple de retrouver une source de revenus décente.

Parmi les cas répertoriés, la banque du Vatican s’est fait pirater par une vingtaine de personnes qui ont tenté d’extorquer 7 milliards de francs. La technique utilisée fonctionnait avec de petites sommes mais la tentative a échoué lorsqu’ils ont cherché la complicité d’un directeur de banque en Suisse.

Autre détournement mais réussi cette fois, en 1994, un pirate russe Vladimir Levin, opérant depuis St Petersbourg a réussi à accéder au système d’information de la Citibank de New York et à transférer des fonds sur des comptes ouverts par des complices aux Etats-Unis, en Hollande, Finlande, Allemagne et Israël. Ce jour là, ce sont quelques 10 millions de dollars qui se sont volatilisés, détournés vers des comptes personnels. Des milliers d’épargnants américains se sont vus dépossédés du contenu de leur compte. De cet argent, seulement 400 mille dollars ont été récupérés depuis.

Les escroqueries

De même que les sollicitations à caractère frauduleux sont devenues banales par téléphone ou par courrier, le cyberespace foisonne de propositions d’investissements illégales. Il faut reconnaître qu’il se prête particulièrement à ce type de pratique parce qu’il permet d’entrer en contact instantanément avec des millions de personnes, d’afficher une apparence de respectabilité sans gros efforts et de disparaître tout aussi instantanément sans laisser de traces. On y trouve par exemple une foule d’offres de vente, de demandes d’arrhes pour des services qui ne seront jamais honorés, de loteries, de sites d’enchères, de ventes pyramidales, etc.

Un service de réclamations en ligne a lancé en 2000 un avertissement contre un site de petites annonces automobiles du réseau Internet. En échange d’une commission fixe de 399 dollars, ce site offrait de placer sur une page web le descriptif des voitures des particuliers désireux de les mettre en vente. Au cas où le véhicule ne serait pas vendu dans les 90 jours, il promettait de restituer au propriétaire la commission. Evidemment, plusieurs voitures de clients, présentées sur page web, n’ont pas été vendues durant le délai imparti, mais ces derniers n’ont trouvé personne sur le site d’annonces pour leur rembourser leur argent. Ce site Internet a fermé depuis.

Ainsi, l’informatique procure aux entreprises criminelles en plus d’une envergure mondiale des prises de risques moindres car elles peuvent agir sans violence physique et avec un maximum de discrétion.

Source : Guerre ou Paix


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