Impots.gouv.fr : Une vidéo YouTube à visionnage obligatoire, une aubaine pour Google

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Passons outre le fait d’obliger à visionner une vidéo pour accéder au portail, l’excuse est bonne puisqu’il s’agit de comprendre le fonctionnement du prélèvement à la source. Mais pourquoi héberger la vidéo sur YouTube, alors que Google est très indiscret concernant les données personnelles des internautes qui vont la voir ?

Il s’agit là d’un exemple concret illustrant à merveille la phrase “fait ce que je dis, pas ce que je fais” qui est habillement révélé par NextInpact et analysé par Le point ! Alors que l’on sait que les géants américains du Net comme l’est Google récoltent le maximum d’informations personnelles sur chacun de nous, et que l’Etat français se dit pour la protection des données de ses concitoyens, pourquoi diable imposer le visionnage d’une vidéo hébergée volontairement sur YouTube ?

Actuellement, la vidéo en question compte déjà plus de 4,7 millions de vues, alors que l’on est bien avant la ruée vers les déclarations…

Si l’on y regarde bien de près, il s’agit là d’un véritable cadeau à Google que fait l’Etat français, au détriment des citoyens : tout ceux qui vont visionner la vidéo en question mise en ligne par la Direction générale des finances publiques (DGFIP) sur le portail impots.gouv.fr vont permettre à Google de collecter leurs données personnelles au passage. Un comble !

Pour l’aspect technique, il faut en effet savoir que l’ensemble des vidéos YouTube diffusées par le géant américain Google contient de multiples traqueurs (dont DoubleClick), dont le rôle est de récupérer certaines données à des fins publicitaires. Autant dire que l’emplacement de cette vidéo est très mal choisi puisque chaque internaute se trouve sur un site gouvernemental afin de réaliser sa déclaration de revenus… un véritable espion en somme, qui va encore s’enrichir en données personnelles. Et ce sera encore pire pour les internautes étant connectés à leur compte Google lorsqu’ils effectueront leur déclaration !

Même sans être connecté, le géant américain est aujourd’hui tout à fait capable de retracer votre parcours sur Internet avant et après votre déclaration d’impôts et connait déjà votre précieux historique de recherches.

Google France a communiqué sur cela :

« Il n’y a pas de mouchard publicitaire ni de cookie, mais YouTube peut récolter des données de comportement liées à l’utilisation de la plateforme. Nous mettons à disposition des annonceurs des données anonymes, agrégées, afin qu’ils puissent proposer des annonces publicitaires pertinentes et utiles, comme beaucoup d’autres éditeurs le font pour financer leurs services, proposés gratuitement à tout le monde ».

Google France part du principe que les données comportementales utilisées pour le ciblage publicitaire ne sont pas particulièrement sensibles.

Au minima, les services internes de Bercy auraient pu prendre la peine d’activer le mode de confidentialité avancée de YouTube pour la dite vidéo… au mieux, il aurait fallu héberger la vidéo en interne via un serveur et un lecteur “maison” !

Même si, comme l’a rappelé dans un communiqué la DGFIP, “il n’y a aucun risque de confidentialité sur les données fiscales“, cela est un peu ridicule… surtout en ces temps troublés par les divers scandales liés à l’exploitation des données personnelles des internautes et de la très prochaine mise en application du RGDP !

Bercy justifie son choix par l’existence d’une chaîne YouTube de longue date de la DGFIP et par le fait que YouTube est “la plateforme vidéo la plus répandue et celle qui est la plus à même de supporter un important trafic“. De même, Bercy indique pencher sur un système différent mais sans préciser si cela est réellement faisable… Quant au bandeau d’acceptation des cookies (obligation légale au sein de l’UE depuis de nombreuses années), on ne peut y accéder tant que la vidéo YouTube n’a pas été visionnée, ce qui implique de nombreux cookies traceurs avant même de donner son approbation… bof bof !

Visiblement, l’entrée en application du RGPD va clairement chambouler les pratiques de beaucoup de sites Internet, y compris ceux gouvernementaux, qui ne sont visiblement pas prêts du tout à être dans les normes !