Le fichage de policiers sur le web fait des vagues

0
67

Le site Copwatch surveille les policiers français et publie leurs photos sur la Toile. Le Ministère de l’intérieur et ses agents portent plainte.

«Surveiller ceux qui nous répriment.» Depuis le 20 septembre s’affiche sur le web (https://copwatchnord-idf.org) cette profession de foi des «copwatches» français. Revendiquant une filiation avec le mouvement américain qui est né à Berkeley, aux Etats-Unis, en février 1990, par la diffusion de films amateurs témoignant sur le vif de bavures policières, le Cop-watch Nord, Paris-Ile de France se distingue en fichant des policiers. Leurs photos et leurs fonctions sont mises en ligne, accompagnées de commentaires jamais flatteurs.

Hier à Paris, le Ministère de l’intérieur a porté plainte contre ce site et a fait une action en référé dans le but de le faire fermer. Des dizaines de policiers ont décidé de saisir eux aussi la justice, dénonçant des commentaires «injurieux». «Ce fichage est absolument insupportable et scandaleux. Je ne peux pas m’empêcher de penser aux milliers de policiers blessés chaque année au service de nos concitoyens, et à leurs familles qui vivent dans l’inquiétude», s’est offusqué le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant.

Pour un policier lillois qui a vu sa photo publiée sur le site, c’est un fichage «qui peut être utilisé par quelqu’un de malveillant à l’égard d’un fonctionnaire ou de sa famille». Parmi les commentaires du fichier de Copwatch, on peut lire de l’un qu’il est «un stratège de la chasse aux pauvres», d’un autre qu’il «n’hésite pas à tabasser». Le site identifie aussi les policiers en civil qui, du coup, auront plus de mal à passer inaperçus dans leurs planques et filatures.

Hier, le porte-parole de la Direction générale de la police nationale s’est ému que «chaque policier puisse être atteint dans son honneur et son intégrité à travers des propos inqualifiables». Le secrétaire général du syndicat Alliance, majoritaire chez les policiers en uniforme, indique qu’«il y a déjà des magistrats qui surveillent la police», et celle-ci «n’a pas attendu Copwatch pour travailler dans le cadre de règles déontologiques».

Le porte-parole du site explique, lui, que cette base de données peut être un outil citoyen «pour lutter contre la violence et l’impunité policière». Il s’est exprimé hier matin sur France Info. Il s’agit d’un jeune de 20?ans de la région lilloise, qui se dit «libertaire» et aurait des comptes à régler avec la police, après l’humiliation d’un de ses amis par les forces de l’ordre. Il s’est déclaré serein concernant la plainte du ministère, car, selon lui, le site ne pourra être fermé puisqu’il est hébergé aux Etats-Unis, contrairement à ce que font apparaître les données de son nom de domaine. En effet, le site internet est censé être domicilié à Paris, avenue des Champs-Elysées. Quant au numéro de téléphone, il est fantaisiste.

 

Source : Tribune De Genève